American Way of Life |
Une de plus ! Après nous avoir dévoilé les previews des séries The Abyss Of Time, A Cold Day In Hell et Vampire, le site Comics Alliance enfonce une fois de plus le clou de l'exclusivité qui défonce sa mémé via la mise en ligne de la preview officielle de Sledghammer 44, une future série en deux numéros dont je vous ai parlé ici même et pas plus tard qu'hier. Allez, c'est ti-par :
Résumé :
"Août 1944 : un homme dans une énorme armure en acier est largué depuis un bombardier Américain sur un champ de bataille Français où l'attendent des nazis armés jusqu'aux dents ainsi chargés de protéger une terrible machine de guerre."
Prévu pour le mois de Mars 2013, cette future mini dessinée par Jason Latour s'annonce particulièrement excitante dans le sens où elle ajoutera une pierre de plus à l'édifice qu'est le Hellboy Universe. En effet, et comme je vous l'avais déjà annoncé dans ma précédente preview faite au black, Sledgehammer 44 n'appartiendra à aucune série du Hellboyverse mais en creusera la mythologie ainsi que le background. Je m'explique...enfin, je vais surtout tenter de m'expliquer en ciblant les deux publics du maître Mignola. Les lecteurs V.O, vous vous souvenez du mec avec son armure façon Mark 1 (la première armure dans le film live Iron Man) dans Lobster Johnson : The Iron Prometheus ? Oui ?! Ok, c'est cool. Les lecteurs V.F, vous vous souvenez de la page du volume B.P.R.D. La Déesse Noire sur laquelle on peut voir une armure style Mark 1 voler dans le ciel, bannière étoilée dans le dos ? Ouais ? Bon, ben voilà, j'pense que vous tous compris de quoi parlera Sledgehammer 44. Quoi ? Pardon ? Vous avez quand même un peu de mal à cerner le truc du schmilblik ? 'Tain, comment vous êtes relous, les gars. Bon, en attendant que j'vous explique le truc un peu plus en détails, faîtes vous donc les yeux sur la couverture du premier numéro signée par le grand Mike Mignola, et qui est située juste au-dessus, ainsi que sur les six premières pages du même premier numéro :
Voilà, j'pense que vous avez à peu près tous cerner, lecteurs V.O comme V.F, les raisons qui ont poussé Mike Mignola à mettre en place cette nouvelle licence : creuser le background entourant la fameuse armure V.E.S. (Vril Energy Suit) apparue de façon sporadique dans le Hellboyverse.
Extrait de B.P.R.D. La Déesse Noire |
Conformément à ce que laissait suggérer la pleine page du volume B.P.R.D. La Déesse Noire, cette armure fonctionnant à l'aide de l'énergie Vril (la même qu'utilisent les machines de guerre du peuple Hyperboréen) a donc bel et bien servi la bannière étoilée sur le front Européen durant la Seconde Guerre Mondiale. Et c'est justement de cette page méconnue de l'histoire du Hellboyverse que parlera Sledgehammer 44.
Pour ce qui est du choix du dessinateur, qui d'autre que Jason Latour pouvait mettre en images et en cases cette histoire de Iron Man version Mignola contre des vilains nazis ? Franchement ? Qui d'autre ? Perso, quand j'vois les six premières pages dévoilées dans cette preview, j'pense que l'on n'aurait pas pu trouver voir même espérer mieux que le dessinateur de The Pickens County Horror. La façon avec laquelle l'artiste fait intervenir l'armure V.E.S. sur le champ de bataille est déjà culte pour moi : un soldat se trouvant dans la soute d'un bombardier s'apprête à larguer une bombe qu'il baptise in extremis Sledgehammer. La bombe est ensuite larguée et finit par toucher le sol français sans exploser. Une fois la surprise passée, on peut voir une plaque en métal se trouvant sur le flan de la dite bombe être propulsée par un violent coup de pompe donnée depuis l'intérieur de l'engin explosif, et là, THE CHOC, Iron Man s'extirpe de ce que le lecteur pensait être une bombe et qui s'avère au final être un moyen de transport de fortune façon "j'ai trop la classe et j't'emmerde". Culte, tout simplement culte ! D'ailleurs, checkez donc le détail qui tue : les mecs ont quand même trouvé le moyen de faire porter l'uniforme militaire à une armure de 500 tonnes histoire de bien appuyer le fait qu'il soit du côté Américain. Où quand la propagande s'invite sur une arme de destruction massive.
Couverture du premier numéro |
On pourra d'ailleurs souligner le fait que, sur la deuxième planche de cet extrait, l'état major lance le top départ de l'opération en donnant le nom de code : Épiméthée. Pour la p'tite anecdote, Épiméthée, dans la mythologie grecque, est le frère et l'exacte antithèse de Prométhée, le Titan qui vola le savoir aux Dieux de l'Olympe afin de le donner aux Hommes. Le choix de ce nom est tout sauf anodin. En plus de vouloir faire un clin d’œil à la série dans laquelle l'armure V.E.S. apparaît pour la première fois, à savoir The Iron Prometheus, Mignola et Arcudi ont peut-être voulu appuyer/annoncer le fait qu'elle évoluerait au sein même de la série Sledgehammer 44, à tel point qu'elle deviendrait, dans le deuxième numéro, l'antithèse de ce qu'elle était et devait être dans le premier numéro, à savoir une machine de destruction dont le but est d'aider une nation à gagner une guerre. Perso, je penche pour la deuxième hypothèse. Regardez bien, juste au-dessus et en-dessous, les couvertures des deux numéros réalisées par Mike Mignola et tentons de percer leurs secrets (si si, on va y arriver). Celle du premier numéro représente la fierté de l'Amérique (la pause du personnage façon héros de la nation) d'avoir gagné la Guerre ainsi que, et c'est plus subtil, l'effet boomerang causé par l'utilisation d'une arme ultra-destructrice sur des êtres humains : à savoir la diabolisation de l'Amérique après le largage de Little Boy (le nom de code donné à la bombe) sur Hiroshima (la fourche dans le coin gauche du drapeau Américain). Où quand le gentil devient le Diable après avoir balancé une bombe atomique sur une population civile dans le seul but de tester les effets des radiations sur des cobayes humains.
Couverture du deuxième numéro |
Passons maintenant à la deuxième couverture. Comme vous pouvez le remarquer, elle est quasi identique à celle du premier numéro, et pourtant, les changements y sont légion. Le seul truc qui ne change pas, c'est l'armure V.E.S.. Elle a la même gueule et surtout la même pose que sur la première couverture. Les nazis, quant à eux, laissent leur place à un soldat américain perdu dans un espace vide et sans vie. Pour ce qui est du décor, les flammes et la fumée de la première couverture disparaissent au profit d'un décor en ruine ainsi qu'à un ciel gris. Le plus gros changement, et sûrement le plus significatif, concerne le drapeau américain qui laisse ici sa place à un lâché de bulles verdâtres disparaissant (ou apparaissant, c'est selon l'interprétation de chacun) sur un fond noir. Beaucoup de changements pour une composition quasi identique. Balèze le Mignola ! Maintenant, que peut-on déduire de toutes ces modifications ? En fait, je pense que pour bien cerner l'idée du maître, il est important de garder en tête l'horreur causée par la bombe atomique lâchée sur la ville d'Hiroshima ainsi que les répercussions qu'un tel cataclysme a pu avoir sur la conscience Humaine. J'irai même plus loin en écrivant qu'il est tout aussi important de garder dans un coin de sa tête l'impuissance des forces ennemis face à une arme aussi puissante que Little Boy. Bon, maintenant que vous avez tout ça bien enfoncer dans le crâne, allons-y pour la tentative d'analyse de ces deux covers :
1) Sledgehammer, qui est donc ici une métaphore de Little Boy, est une arme de destruction massive envoyée en France dans le but d'exterminer tous les vilains nazis qui emmerdent le monde depuis pas mal de temps. Une fois déployée sur le terrain, l'horreur suscitée par son utilisation sur des êtres humains ne peut que diaboliser le pays qui l'a conçu, à savoir les États-Unis.
2) La réussite et la fierté du projet Epiméthée laisse ici sa place à la culpabilité éprouver par le soldat caché à l'intérieur de l'armure V.E.S. - tout comme le pilote de l'Enola Gay a dû, en son temps, gérer la culpabilité d'avoir conduit son bombardier au-dessus de la ville d'Hiroshima. Le soldat américain apparaissant au bas de la couverture se retrouve ainsi seul face au vide et aux conséquences de ses actes - on pourrait même aller plus loin en comparant cet espace vide au trou béant créer par l'explosion de Little Boy. Dans le même ordre d'idée, la pose héroïque que notre armure arbore sur la première couverture prend un tout autre sens sur la deuxième. L'armure ne regarde plus la victoire qui suivra son déploiement sur le champ de bataille. Non. L'armure regarde ici l'infiniment grand ainsi que l'infiniment petit. En fait, il regarde ce que les chercheurs à l'origine du projet Epimetheus (qui a parlé du projet Manhattan ?) ont volé aux Dieux : l'atome. On l'a vu, Prométhée vola le savoir Divin afin de le donner aux Hommes. Seulement voilà, Sledgehammer est justement l'antithèse de Prométhée, et au lieu de transmettre le savoir des atomes aux Hommes, il s'est arrangé pour le lui envoyer en plein dans la gueule, semant ainsi le chaos, la mort et la culpabilité d'une nation toute entière. D'ailleurs, le cercle rouge visible sur le torse du soldat américain ne serait-il pas une métaphore du destin tragique de Prométhée, le Titan condamné par les Dieux à voir son foie être dévoré par un vautour pour l'éternité ?
Excellente analyse Doc Panatrog!!!
RépondreSupprimerJ'ai tout suivi, j'ai tout compris, et je suis même d'accord avec ta thèse.
Brillant, tout simplement.
BD
Merci à vous, monsieur BD ^__^
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