mercredi 3 juillet 2013

"B.P.R.D. Vampire", interview des frères Bá et Moon !


A trois semaines de la sortie du cinquième et dernier numéro de la série "B.P.R.D. Vampire", le site Newsrama a eu la bonne idée de s'entretenir avec le duo Gabriel Ba et Fabio Moon, les deux responsables de cette excellente bédé, histoire de faire un p'tit point sur pas mal de trucs bien sympas. Comme d'habitude, la transcription dans la douce langue de Molière ayant été réalisé par mes soins, j'ose espérer que vous me pardonnerez la syntaxe hésitante de l'ensemble ou bien les fautes daurtagrafes. Allez, c'est ti-par :

Newsrama : En travaillant sur une série issue du Mignola-verse, vous avez à gérer la contrainte de la continuité - un peu comme si vous réalisiez une bédé pour Marvel ou bien DC Comics - mais aussi celle de l'héritage graphique - je pense au trait si caractéristique de Mike Mignola. Comment faites-vous pour dessiner dans un style qui, bien qu'étant toujours le vôtre, respecte tout ce que Mignola a fait avant vous ?

Fabio Moon : Rien de tout ça n'a été un problème pour nous. L'avantage avec les séries B.P.R.D. 1947 et B.P.R.D. Vampire, c'est qu'elles prennent place dans le passé. Nous n'avons donc pas eu besoin de suivre une grosse continuité ou bien de rester fidèle aux personnages principaux. Nous avons créé des personnages à partir de zéro, mais qui prennent place à l'intérieur de cet univers, et notre seul préoccupation a été de respecter l'essence de ce qui a été fait avant notre arrivée dans le Hellboy-verse. En tant qu'artistes, nous avons été inspirés et influencés par le travail de Mike depuis si longtemps que c'est un peu comme si nous nous préparions à travailler sur ces séries depuis que nous avons commencé à dessiner, ce qui remonte à plus de 20 ans maintenant.

Gabriel Ba : Exactement. Nous travaillons essentiellement avec des noirs profonds et des scènes sombres, et pas seulement pour rendre hommage au trait de Mike, mais à cause du genre horrifique avec lequel nous jouons. Duncan Fegredo a été celui qui nous a montré qu'on pouvait passer après Mike et réussir à jouer avec ses personnages tout en faisant un excellent travail. Duncan nous a ainsi aidé à accepter le challenge que représentait notre arrivée dans le bac à sable de Mike. 

Nrama : Pour les gens qui n'auraient pas encore lu cette série ou bien B.P.R.D. 1946, 1947 et 1948, que pouvez-vous nous dire sur Simon Anders et sur la malédiction qui s'est abattue sur lui ?

Moon : En fait, c'était avant Duncan. C'est le travail de Guy Davis sur B.P.R.D. qui nous a ouvert les eux sur les possibilités que pouvait offrir le Mignola-verse aux dessinateurs ayant la chance d'en dessiner quelques histoires. Bien que le travail de Guy soit très différent de celui de Mignola, son trait, qui est vraiment génial, dégage une atmosphère bien particulière et unique. Le fait d'avoir d'avoir écrit le scénario et d'avoir réalisé les dessins de B.P.R.D. Vampire nous a poussé à faire du mieux que nous pouvions.

Ba : Simon a été mordu et torturé par deux sœurs vampires qui sont aujourd'hui enfermées dans son corps après un exorcisme pratiqué dans le but de sauver son âme. Il est donc sain et sauf mais il sent bien que quelque chose d'étrange grandit en lui, et il commence doucement à perdre le contrôle. Il pense qu'en trouvant des vampires, il aura la solution à son problème.


Nrama : En sachant qu'il est possédé par deux vampires, est-ce que cette malédiction peut avoir des effets bénéfiques sur Simon ?

Ba : Il a assurément un lien avec les sœurs vampires qui guident ses gestes et ses choix. C'est donc compliqué de déterminer si elles cherchent à l'aider ou bien à le manipuler.

Moon : Et bien, tout le monde ne peut pas faire ce que Simon fait à la fin du troisième numéro de B.P.R.D. Vampire. Cette malédiction est donc clairement en train de le changer.


Nrama : Hécate est l'une de mes méchantes préférées du Mignola-verse - peut-être est-ce à cause de son regard. Qu'est-ce qui a déterminer le fait que vous avez centré la quête de Simon sur elle et qu'elle soit la principale menace de votre histoire ?

Ba : Hécate tient un grand rôle dans la mythologie que Mike a créé. Du coup, lorsque nous avons décidé d'envoyer Simon tuer des vampires, nous avons voulu exploré leurs origines, leur histoire, et tout est parti de là. Tout comme vous, je trouve que Hécate est un super personnage. J'adore travailler avec.

Nrama : Le troisième numéro de B.P.R.D. Vampire a montré une grande scène entre Anders et Wilhelm. Que pouvons-nous espérer voir dans le quatrième numéro ainsi que dans cinquième ?

Ba : Du sang. Beaucoup de sang. Tout simplement parce que nous adorons la façon dont il ressort avec les couleurs de Dave Stewart.

Moon : Sérieusement, je pense que tout le monde veut savoir ce qu'il va arriver à Simon et aux frangines. Ce que je peux vous dire, c'est qu'à la fin de cette série, les lecteurs découvriront qu'ils ne sont pas les seuls à vouloir connaître la fin de ces personnages.


Nrama : Vous avez pris un gros risque en révélant que Hana n'agissait pas forcément dans les intérêts de Simon. Que pouvez-vous nous dire sur elle ainsi que sur la place qu'elle tient dans le clan des méchants du Mignola-verse ?

Ba : C'est vraiment top de pouvoir travailler avec des personnages complexes; des personnages nuancés qui ne sont ni tout blanc ni tout noir et qui ne sont pas que des méchants ou bien que des gentils. Il faut également prendre en compte le fait que nous l'histoire prend place dans une période post-Seconde Guerre Mondiale et que nous avons affaire à un agent devant remplir une étrange mission au cœur de la Tchécoslovaquie. En sachant tout ça, et bien plus, comment Hana ne pouvait-elle pas finir par duper son entourage ?


Nrama : Cette série montre une vraie histoire de vengeance, avec un Simon Anders à la recherche d'Hécate et de son clan de vampires. Simon est un personnage que vous avez tous les deux créé, du moins visuellement, et martyrisé avec Mike, John Arcudi et d'autres. Ce qui arrive aujourd'hui à Simon était-il prévu depuis longtemps ?

Ba :  Lorsque nous avons commencé à travailler sur B.P.R.D. : 1947, nous ne savions pas si Simon survivrait à la fin de la série. Nous n'en avions pas parlé avec Mike ou bien avec John. Heureusement, nous l'avons prit en affection - pas seulement visuellement - et nous avons voulu le changer en ce personnage confus et charismatique...et le faire survivre à la fin de l'histoire.

Moon : Lorsque nous avons commencé à échanger les idées que nous avions pour d'éventuelles futures histoires, nous avons tous pensé qu'il serait intéressant de suivre Simon dans sa chasse aux vampires. Et quand je parle de vampires, je ne parle pas que de Hécate, mais bien de tous les vampires. Simon est un mec simple, un soldat; il n'est donc pas aussi sage et éduqué que le Professeur Bruttenholm. Du coup, la vision que Simon a de sa quête est très concise et reste focalisée uniquement sur les vampires.


Nrama : Mignola est cité comme co-scénariste sur cette série, mais de ce que j'ai cru comprendre, il vous a laissé tenir les rênes du début à la fin. Pouvez-vous nous dire comment s'est déroulé votre collaboration avec Mignola et Dark Horse Comics ?

Ba : Ce qui a été génial, c'est lorsque John Arcudi a expliqué à Mike comment il voulait introduire le brusque changement de personnalité de Simon dans la série B.P.R.D. 1948. Ça nous a beaucoup aidé dans le sens où on a pu se focaliser sur sa quête de vengeance sans avoir à nous soucier de comment on allait montrer son brusque changement de comportement ou bien comment il est devenu une menace pour ses collègues.

Moon : On a mis un peu plus d'un an avant de savoir quelle histoire nous voulions raconter mais aussi de quelle façon nous voulions la raconter. Tout s'est décidé lorsque nous en avons discuté avec Mike et Scott Allie afin de déterminer la manière façon dont Ba et moi même allions appréhender cette histoire au sein du Mignola-verse. 

Ba : Après nous être mis d'accord sur l'histoire que nous voulions raconter, nous avons obtenu la liberté de la raconter comme on le voulait. Bien sûr, nous avons exposé à Mike et Scott toutes les étapes de conception de notre histoire, mais ils se sont toujours montré très enthousiastes et nous ont toujours encouragé dans ce que nous faisions. Ils nous ont réellement donné les moyens de pousser les limites de ce genre, de travailler l'ambiance ainsi que les scènes silencieuses afin de créer quelque chose de spécial.


Nrama : Dans les premiers livres B.P.R.D., nous apprenions toujours plein de choses sur les personnages, surtout dans les histoires qui prenaient place dans le passé. Comment avez-vous pensé l'évolution et l'histoire de Simon Anders avec B.P.R.D Vampire ?

Ba : Même si nous avons déjà pu voir Simon dans deux précédentes histoires, nous avions toutes les informations dont nous avions besoin pour raconter notre histoire. Alors, bien sûr, les lecteurs connaissent déjà le Professeur, et ceux ayant lu 1946, 1947 et 1948 ont déjà pu rencontrer Varvara. Ce sont les deux seuls éléments que nous avons importé des autres séries du Hellboy-verse. Tout le reste aurait pu tenir dans une histoire indépendante, qui soit non liée à la mythologie du B.P.R.D. ou bien à Hellboy. 

Moon : C'est vraiment quelque chose de libérateur de pouvoir travailler avec un personnage qui soit si peu lié à cet univers complexe qu'est le Hellboy-verse. Nous pouvons faire tout ce que nous voulons de lui, mais ce qui est vraiment génial, c'est de pouvoir se demander ce que notre histoire, même si elle peut fonctionner toute seule, peut apporter à l'univers ainsi qu'à la mythologie créer par Mignola. Sans ça, il n'y aurait eu aucun intérêt à raconter cette histoire.

Nrama : Comment avez-vous pensé ces séquences au cours desquelles le dessin prend le pas sur le dialogue ? Avez-vous attendu d'avoir terminé le dessin avant de définir si vous alliez ajouter du texte ou pas ? Avez-vous au moins réalisé des crayonnés pour cette série ?

Moon : Nous racontons une histoire horrifique, et le silence est effrayant pour nous. Ne rien dire est plus troublant que de le dire. Ce genre de choix est assez facile à définir.

Ba : Nous essayons de penser au script dans son intégralité - surtout les dialogues - avant de commencer à travailler sur les crayonnés. Le plus gros du rythme d'une histoire est dans les dialogues. Mais nous utilisons le dessin pour nous aider à maintenir ce rythme lorsque nous retirons les dialogues.

Moon : Mike est un excellent narrateur et nous avons adoré travailler avec lui sur cette histoire.

Nrama : Après votre série Daytripper, pourquoi avoir décidé de travailler une un projet comme "B.P.R.D. Vampire" ?

Ba : Nous adorons les challenges et nous ne pouvons pas travailler sur les mêmes trucs pendant plusieurs années. Nous aimons essayer de nouvelles choses sur de nouveaux projets. Avec B.P.R.D. Vampire, Mike et Scott ont réellement voulu faire quelque d'autre avec nous. Ils en avaient tellement envie qu'ils nous ont laissé écrire l'histoire nous-même. Du coup, les possibilités offertes par l'opportunité de travailler avec un personnage aussi intéressant que Simon a été l'un des facteurs clés qui nous a poussé à faire cette histoire. Sans parler de la possibilité de pouvoir jouer avec cet univers plein de mysticisme, de créatures magiques et d'horreur. 

Moon : Nous adorons raconter des histoires pleines d’émotions et de sentiments. Ce qui est d'ailleurs génial avec les histoires d'amour, c'est la façon dont vous pouvez monter un couple tomber amoureux uniquement en jouant avec les regards. C'est la même chose avec l'horreur. Nous pouvons remuer les émotions du lecteur de la même façon.

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