samedi 8 mars 2014

"The Mysteries of Unland", THE preview !


Avant d'être le guide spirituel de notre démon cornu lors de son trip en Satanie, Edward "Witchfinder" Grey est surtout l'une des pierres angulaires d'une mythologie forgée de main maître par Mike Mignola depuis maintenant 20 ans. Quel ne fut pas mon bonheur lorsque la nouvelle d'une troisième série lui étant dédiée est tombée sur la toile - et même si on nous a annoncé la présence de Tyler Crook aux dessins de cette nouvelle série, j'y crois à donf de chez donf; il va tout déchirer. Pour ce qui est de la partie scénario, l'info vient tout jute de tomber : ce sont les romanciers Kim Newman et Maura McHugh se chargeront de martyriser notre pauvre détective victorien de l'occulte. Bon, ok, ils sont inconnus chez nous mais une rapide recherche sur le net m'a rassuré quant à ce choix pour le moins curieux de la part des têtes pensantes du Hellboyverse. Ayant à leur actif plusieurs séries de romans basés sur le Londres Victorien ainsi que sur la chasse aux vampires, nos deux nouveaux venus dans la troupe semblent finalement être un choix des plus pertinent. Et pour tenter de vous convaincre de tout ça, le site CBR s'est entretenu avec les deux scénaristes afin d'établir un petit check up des enjeux de cette nouvelle série - ils ont même pensé à nous montrer les trois premières pages du premier numéro, la classe. Comme d'habitude, le tout ayant été traduit par mes soins, pensez à ne pas être trop dur sur les quelques approximations de l'ensemble. Allez, enjoy !

CBR News : Pour celles et ceux qui ne vous connaissent pas encore, pourriez-vous nous expliquer comment vous avez réussi à injecter l'ADN de votre plume, qui est plus propice à l'écriture de romans comme "Anno Dracula", dans l'univers de Mike Mignola ?


Kim Newman : Je pense que ce sont les romans "Anno Dracula" - et plus précisément avec le roman "Anno Dracul" qui se déroule dans un contexte Victorien - qui nous ont conduit dans la troupe de Hellboy/B.P.R.D. C'est Chris Roberson, qui bosse chez l'éditeur "Monkey Brain" et qui a publié mes trois "Diagoneses Club collections", qui m'a présenté à Mike Mignola pour la première fois. J'étais très intéressé par certaines des choses qui ont influencé l'écriture des séries Hellboy et B.P.R.D. et j'avais déjà écris quelques histoires tournant autour d'un détective de l'occulte. Lorsque j'ai débuté ma carrière de romancier, j'ai commencé par écrire des histoire de commande (comme Jack Yeovil) qui parlaient d'individus capables de voyager à travers les mondes; je suis donc familier de ces histoires voyant un gars se balader à la frontière séparant deux mondes. Je lis les aventures de Hellboy depuis ses débuts et suis également un grand fan de Mignola - je l'avais déjà rencontré il y a des années lors d'une convention et nous nous étions bien entendus. Le feeling était déjà en place lors de cette première rencontre.

Maura McHugh : Il y a quelques années, j'ai passé un diplôme en études des traditions Surnaturelles de l'Irlande Gothique, et j'ai étudié les oeuvres de Charles Maturin, Sheridan LeFanu ou bien encore celles de Bram Stoker. Je suis donc un habitué de ces histoires Victorienne horrifiques. Je suis également un énorme fan de mythologies, contes de fées et autres folklores en tous genres - j'ai d'ailleurs écris deux collections d'histoires qui traitent de ce thème. La toute première série graphique que j'ai écrite, "Róisín Dubh", montrait un tueur de vampire évolué dans l'Irlande du 19ème siècle et mélangeait le folklore Indigène avec la fiction. On peut donc dire que le Mignolaverse, avec ses éléments mythologiques, ses personnages détraqués et ses grandes quêtes, était le lieu d'écriture rêvé pour moi.


CBR : Les séries "Witchfinder" ont permis à Mike  Mignola de publier les histoires occultes victoriennes qu'il rêvait de lire. Quelles sont, selon vous, les éléments indispensables à l'écriture d'une histoire baignant dans cette époque et comment les avez-vous appliqués à "Witchfinder" ?

Newman : Je suis intéressé par cette période ainsi que par le genre qu'il véhicule - j'ai d'ailleurs passé beaucoup de temps à écrire avec Christopher Wicking une Bible pour un projet de série TV basée sur les oeuvres de Carnacki qui n'a jamais vu le jour. Lorsque j'écris, je tente de trouver les éléments qui résonneraient avec l'ère contemporaine tout en essayant d'entrer dans la mentalité d'une ère passée. J'essaye de conjuguer les deux époques. Et même si Conan Doyle était le meilleur dans ce domaine - un de mes romans préférés est "Professor Moriarty : The Hound of the d'Ubervilles" -, j'ai beaucoup appris des anthologies "Sir Hugh Green's Rivals of Sherlock Holmes" parues durant les années 70. Idem pour la série télé anglais tirée de ces livres et qui incluait Donald Pleasance dans son casting.

McHugh : Il y a eu un vrai engouement pour les histoires mystérieuses et fantastiques au cours du 19ème siècle, et des écrivains comme Poe, LeFanu, Blackwood ou encore Hodgson ont beaucoup réutilisés les outils développés par Conan Doyle. En définitive, Sir Edward Grey est dans la continuité de ce style de ce style d'écriture, le tout mélangé à une bonne dose de films de la Hammer Film. L'enquêteur de l'occulte est très souvent cynique mais reste accroc à son style de vie. Autant ils sont contre leurs styles de vie, autant ils adorent combattre des monstres en tous genres.

CBR : Comment s'est passée votre arrivée sur ce projet ? Avez-vous dû adapter votre plume au style Mignola-verse ?

Newman : Tout s'est déroulé tranquillement. J'avais déjà co-écrit quelques histoires avec Maura McHugh, ce qui a beaucoup facilité notre collaboration sur cette série, et pour être honnête avec vous, Mike et Dark Horse nous ont demandé de ne faire que de rares retouches à notre scénario avant de le valider. Ils ont été très flexibles avec nous.

McHugh : Ce fut une très bonne expérience. Mike et notre éditeur Scott Allie ont été impliqués tout au long du processus d'écriture sans jamais être intrusifs. Heureusement, Kim et moi étions sur la même longueur d'onde concernant le style de narration que nous voulions utiliser pour le personnage. Les notes que nous avions reçu nous ont surtout aidé à garder une constante dans le style que nous développions avec cette histoire afin qu'elle colle le plus possible au Mignolaverse - ce qui était très important.

CBR : La première série impliquant Edward Grey tournait autour de son recrutement par la Reine tandis que la deuxième série se voulait plus "western bizarre". Où votre histoire se situe-t-elle dans la vie de ce personnage ?

Newman : Cette nouvelle histoire démarre lors du retour de Grey en Angleterre, juste après la fin de la deuxième série. Nous avons bien observé le personnage évolué dans ses deux premières séries ainsi que lors de ses apparitions dans "Hellboy" et nous avons réfléchi au fait que ses aventures ont fini par le changer.

McHugh : Le voyage de Grey en Amérique l'a beaucoup changé - il a été confronté à une culture totalement différente et a accru ses connaissances en événements surnaturels. Son retour en Angleterre et à son protocole beaucoup plus restrictif ne sera pas de tout repos pour lui.

CBR : Les différents teasers de cette série ont mis l'accent sur le côté sinistre du Londres Victorien. Que pouvez-vous nous dire sur le concept de Unland ainsi que ce qu'il représentera dans cette série ?

Newman : Unland fait référence au Comté de Somerset qui, dans le monde réel, ressemble aujourd'hui à une zone dévastée par les flots - il y sera également question de pluies torrentielles dans notre histoire. Nous avons décidé d'amener Grey qui contrasterait avec les lieux qu'il a déjà visité dans ses précédentes aventures : une petite ville de campagne. J'étais par ailleurs assez inquiété par le fait de me répéter, moi qui a écris beaucoup d'histoires se déroulant dans le Londres Victorien. C'est là que je me suis souvenu du  livre "Glastonbury Romance" de John Cowper Powys dont l'histoire se déroule dans la même région.

McHugh : Unland veut littéralement dire "pas de terre", mais c'est également un terme anglo-saxon pour désigner un marais. Ce titre amène le lecteur à penser à de vieux chemins boueux qui peuvent s'ouvrir sous ses pieds. C'est également le mot idéal pour désigner un espace limité dans lequel des choses étranges peuvent se produire.

CBR : En parlant de mystère, Edward Grey est ce que l'on pourrait appeler une zone d'ombre du Mignolaverse. Comment avez-vous appréhender ce personnage afin de l'adapter à votre style tout en le maintenant connecté à son univers ?

Newman : Dans les séries "Witchfinder", Grey est un personnage inflexible, presque traumatisé, mais lorsque nous l'avons vu évolué en tant que fantôme, nous avons vu un personnage plus électrique. Nous avons alors pensé un Grey qui aurait développé une sorte de carapace autour de lui et qui le rendrait plus sarcastique. Nous lui avons confié un travail de détective, ce qui le changera de son précédent emploi qui consistait à combattre des monstres. Je ne sais pas si Maura et moi reviendrons un jour sur "Witchfinder" mais nous avons essayé d'ajouter quelques trucs bien à nous dans cette histoire - cela comprend de nouveaux personnages - qui pourraient s'avérer utiles si quelqu'un venait nous chercher une nouvelle fois.

McHugh : Grey est un personnage intriguant, et j'adore le look qu'il a dans l'ongoing "Hellboy in Hell". Il peut sembler rustre mais il prend réellement vie lors de ses enquêtes. Il va évoluer dans une longue série qui le mettra au contact de gens et de monstres qui le changeront. J'ai beaucoup aimé placé ce personnage sur un chemin qui lui permettra d'avoir une vision d'ensemble de son passé et de son avenir.

CBR : Tyler Crook est le dessinateur de cette série - un nom qui, j'en suis sûr, fera plaisir aux lecteurs du Mignolaverse. Comment s'est déroulée votre collaboration avec lui ?

McHugh : Tyler a été super. J'adore travailler avec des dessinateurs qui savent retranscrire  avec précision les détails historique et j'ai beaucoup apprécié tout ce temps qu'il a passé à faire des recherches pour cette série. Il est primordial avec ce genre de comics que ça fasse vrai. Il a également su parfaitement retranscrire le Edward Grey qu'on a écrit tout en s'amusant avec les autres personnages et les monstres.

Newman : Il dessine de très beaux monstres, ce qui est très important, ainsi que des personnages qui ont du caractère. J'ai également beaucoup aimé ses trucs comme le papier peint de l'hôtel.

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