lundi 17 mars 2014

Cinq questions pour le scénariste Scott Allie !


La fête d'anniversaire de notre cher démon cornu approchant à grand pas, on en aurait presque oublier son compagnon de toujours, l'amphibien palmé Abe Sapien. Histoire de corriger cette grande injustice, le site Capeles Cruisader s'est entretenu avec le scénariste en chef de l'ongoing Abe Sapien le temps d'une interview condensée en 5 grandes questions. De quoi faire un rapide tour d'horizons des enjeux en cours ainsi que des relations de travail qui lient un scénariste basé aux Etats-Unis avec deux dessinateurs situés en Argentine. Comme d'habitude, n'étant pas un bilingue de naissance, ne soyez pas choqués si la traduction vous semble un poil chelou par endroits. Allez, enjoy :

Josh Epstein : En développant l'histoire de Abe, vous travaillez avec des personnages créés par votre collaborateur Mike Mignola. Comment décririez-vous vos relations de travail avec Mike dans le traitement des aventures solo de Abe Sapien ?

Scott Allie : Mike est le gars auprès duquel j'ai le plus appris et avec lequel je travail le plus aujourd'hui. Nous échangeons et décortiquons ses travaux presque tous les jours. Nous travaillons ensemble sur Abe; je ne suis donc pas nécessairement le leader de cet ongoing. L'arc global de cette série, qui a déjà une fin bien définie, vient en grande partie de l'esprit de Mike. Le but de cette série est de montrer la fin du monde d'un point de vue plus personnel et humain que celle à laquelle on assiste dans le monde de B.P.R.D.. Dans la série B.P.R.D., Arcudi et Mignola exposent une vision globale de la fin du monde. John est incroyable pour rendre ces histoires très personnel tout en gardant les enjeux d'une fin du monde à grande échelle. Mike et moi voulions offrir un autre de pointe de vue aux perspectives gigantesques de la série développée par John. Voilà pourquoi nous avons écrit les histoires courtes Pickens County Horror et Abyss of Time : pour faire ce que nous pensons être des histoires d'horreur, c'est à dire des histoires se situant à hauteur d'homme. L'ongoing Abe Sapien accompli donc deux choses, il montre la quête et le développement personnel de l'un des personnages les plus importants du Hellboyverse tout en donnant une bonne perspective sur la crise mondiale qui frappe l'ongoing B.P.R.D. Hell on Earth. Vous êtes donc ici plus proche des victimes de ce désastre.

JE : Comment arrivez-vous à trouver l’équilibre entre l'exploration des doutes et des enjeux entourant la destinée de Abe et les scènes plus légères ?

SA : Je ne pense pas que ça apporterait quelque chose au personnage de le montrer tout le temps énerver ou bien sévère, et cela ne servirait pas non plus la lecture de ses histoires. Il n'est certes pas tout le temps joyeux, mais il doit avoir droit à ces moments plus légers qui lui permettent d'oublier un temps ses problèmes. Dans les sixième et septième numéros, il y a cette scène montrant Abe rire aux éclats, et Sebastian a magnifiquement bien dessiner cette case voyant Abe rire comme Kermit la grenouille. J'adore cette case. En fonction de la situation que Abe rencontre, je tente simplement de donner au personnage la réaction que le lecteur pense qu'il doit avoir. Des situations différentes impliquent des réactions différentes. Je pense que c'est dans la nature humaine d'oublier par moments ses problèmes pour mieux interagir avec les gens qui sont autour de nous. Tout le monde n'agit pas comme ça et certaines personnes ne se détourneront jamais de leurs problèmes; un état de fait qui complique la rédaction d'une fiction, mais Abe n'est pas comme ça, Mike ne crée pas de personnages insensibles à tout ou bien tout le temps sur les nerfs.

Sebastian et Max Fiumara

JE : Max Fiumara apporte beaucoup à l'ongoing en termes d'esthétique horrifique. Je dois admettre avoir un sentiment de malaise en lisant certaines de ses cases. Comment vous départagez-vous la création du monde dans lequel Abe évolue ?

SA : Max est actuellement en train de dessiner cet arc plein de zombies - lui et son frère Sebastian se départagent les séries de l'ongoing. C'est une expérience vraiment incroyable de pouvoir travailler avec ces deux dessinateurs. J'ai passé une semaine avec eux en Argentine cet été, à l'occasion d'une convention dans laquelle je me suis rendu, et nous avons essentiellement parlé de la série. Ils savent comment elle se termine et ils savent quelle direction elle prendra. Cette collaboration est basée sur l'échange. Nous nous appelons toutes les deux semaines et nous échangeons beaucoup de mails. Je regarde leurs différents concepts et leur demande ce qu'ils veulent dessiner. Max m'a dit qu'il ne voulait vraiment pas dessiner de zombies, mais lorsque je lui ai raconté l'histoire, il a changé d'avis afin de permettre à cette histoire d'exister. Il a alors pris le genre zombiesque à bras le corps tout en s'assurant qu'il n'allait pas dessiner une simple histoire de morts-vivants. Il s'est donc beaucoup investi dans cette histoire et a réalisé des designs vraiment impressionnants - Sebastian m'a d'ailleurs envoyé quelques concepts pour un personnage qui aura une place importante dans les numéros #16 à #22 de l'ongoing.

Je suis dans des lieux et Max aussi. Je pense qu'une bonne histoire doit être capable de vous emmener dans un lieu et de vous donner l'impression que vous y êtes vraiment. Max adore insuffler de la vie dans ses décors, et comme Abe traverse actuellement le sud ouest des Etats-Unis, Max s'est pas mal plaint des différentes scènes se déroulant dans des déserts, simplement parce qu'il les trouve trop faciles à dessiner. Il voulait plus de variété pour les décors. J'ai adoré la façon avec laquelle il a insufflé de la vie à la ville de Payson dans l'Arizona. Nous avons effectué pas mal de recherches, discuter avec des gens qui y habitent et utiliser des photos de rues trouvées sur Google map pour rendre le tout crédible.

JE : Un idée qui semble très présente dans les derniers numéros de l'ongoing est celle du combattant fatigué. Il y a d'ailleurs un véritable contraste entre la façon avec laquelle Abe et le Shérif gèrent les stigmates de leur vie passée. 

SA : Bien qu'étant un des éléments clés de l'ongoing, je ne souhaitais pas le faire durer trop longtemps. Dans le premier arc, Abe ne parle pas beaucoup des raisons qui l'ont poussé à quitter le B.P.R.D., mais dans les derniers numéros, il s'ouvre de plus en plus sur ce sujet. La raison la plus évidente de sa fuite est que le Bureau pense qu'il a quelque chose à voir avec l'apocalypse. Abe se dit qu'il n'a rien à voir avec ça et si il parcoure les Etats-Unis, c'est justement pour trouver des preuves de ça. Pour faire simple, il dit qu'il est en fuite pour trouver des réponses mais il ne fait rien pour. Il est tout simplement en train de fuir. Il cherche également à fuir son ancien statut de soldat. 

JE : En 2012, vous êtes devenu Editeur en Chef de Dark Horse. Pensez-vous que ce nouveau poste a altéré votre relation avec l'univers de B.P.R.D. et les artistes qui travaillent dessus ?

SA : Ce nouveau poste m'a poussé à déléguer plus de choses à Daniel Chabon, l'Editeur Associé en charge des livres de Mignola, mais ça pas fondamentalement changer plus de choses pour moi, ainsi que les relations que je peux avoir avec les artisans de cet univers. La relation de travail que j'ai avec ces gars et la façon avec laquelle nous façonnons nos séries est quelque chose auquel je tient beaucoup. Je pense que notre façon de travailler est un excellent modèle et je profite justement de mon statut d'Editeur en Chef pour tenter d'adapter cette façon de travailler aux autres départements éditoriaux de Dark Horse.

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