Depuis le temps que vous venez sur ce blog, si il y a bien quelque chose que vous connaissez, c'est Hellboy, le démon au coeur tendre venu des bas fonds de l'enfer afin de sauver l'espèce humaine de sa propre connerie. En revanche, pour ce qui est du Goon, là, vous devez sûrement être en train de donner votre langue au chat. Et je vous comprends, surtout avec la gueule qu'il se tape le pauvre. Mais alors, qui est le Goon ?
The Goon est un comic book américain créé par Eric Powell et publiée chez Dark Horse (après un passage chez Avatar Press et de l'auto-publication) depuis 2003. L'histoire de cette bédé pas comme les autres nous raconte les aventures de The Goon et de Franky, son meilleur ami (et psychopathe de surcroît), deux habitants dans une ville gangrénée par le gang des zombis et dirigé par un être sans nom, the zombie Priest (le prêtre zombie, ça s'invente pas), dont le seul but est de prendre le contrôle du monde. Voilà pour les grosses lignes du scénario de ce pur produit du milieu underground de la bédé. Qu'en est-il de son anti-héros ? On pourrait voir le personnage de The Goon comme une sorte de grosse brute préférant un bon bourre-pif à une longue discussion, surtout s'il a affaire à un poulpe géant ou à un chimpanzé-zombie de 4 mètres de haut... Attendez une seconde ! Ce caractère de m****, cette carrure de camioneur et cette attirance pour les créatures bizarres, ce mec serait pas un cousin éloigné de Hellboy ? Ca en a tout l'air...
Le moins que l'on puisse dire de Eric Powell (créateur de The Goon), c'est que cet autodidacte de génie a été grandement influencé par Mike Mignola au cours de l'élaboration de son projet. Quoi de plus naturel donc, surtout avec un personnage ressemblant autant à Hellboy, que de réunir ces deux brûtes épaisses le temps d'un comic book ? D'autant que ses deux racailles du paranormal logent chez le même éditeur. Mais le plus beau dans tout ça, c'est qu'en plus d'exister, cette rencontre fût également traduite chez nous :
The Goon Volume 3 - Tas de ruines
La série :
The Goon est le rejeton improbable des histoires d'horreur des EC Comics, de l'univers sombre d'Hellboy et de l'humour de La Famille Adams. Au menu, monstres dégoulinants et humour noir jubilatoire.
Résumé de l'épisode :
"The Goon frappe très fort, encore une fois ! À tel point qu'une autre gueule cassée du comics, Hellboy, s'invite aux côtés de la brute le temps d'une aventure pleine d'action, d'humour, mais aussi de sentiments ! Ce troisième tome est l'occasion pour les amateurs de récits déjantés de prendre leur dose régulière de nonsense et d'action explosive ! Rassurez-vous, le pire est encore à venir !"
Fiche technique :
Date de parution : 13/09/2006
Prix public : 14.95 €
Scénario : Eric POWELL
Dessin : Eric POWELL Mike MIGNOLA
Editeur : Delcourt
Collection : Contrebande
Cette rencontre du 3ème type mérite amplement sa place dans votre bédéthèque, et ce même si elle n'est trouvable que dans un volume de The Goon, ce qui, je vous l'accorde, fait plutôt tacheron à côté d'une pile de bédés Hellboy. Mais il faut tout de même faire cet effort et braver les lois les plus élémentaires de l'esthétisme, ne serait-ce que pour goûter à ce qui n'est, ni plus ni moins, que l'un des meilleurs cross overs à avoir vu le jour.
Explications :
Tennessee, 1965. Tout commence normalement pour notre enquêteur du paranormal. Envoyé dans une étrange demeure par le B.P.R.D., Hellboy est chargé d'y enquêter suite à de nombreux rapports y faisant état d'une activité paranormale. Tandis que notre enquêteur pénètre dans ce qui se trouve être en fait une église. Cette bâtisse est grande, bien plus grande que ce que l'on aurait pu imaginer en la voyant depuis l'extérieur. La pièce principale de cette église imposante ne dispose plus que de son pupitre, celui qui supporta les sermons et les plaintes de l'ancien propriétaire des lieux, et d'un imposant poêle.
Bien qu'aucun être humain n'est mit les pieds dans ces lieux depuis maintenant plusieurs années, cette pièce semble néanmoins comme habiter par une étrange présence, celle de gardiens surveillants les moindres faits et gestes des quelques visiteurs venus s'égarer là. A moins qu'il ne s'agisse des quelques regards jetés par tous ses portraits accrochés aux murs. Etrange, tout ça. Mais le plus étrange se trouve dans ce poêle, ou plutôt au pied de ce dernier. Attention, n'allez pas croire que des ossements à moitié calcinés dans un poêle ne fassent plus rien à notre enquêteur, mais c'est surtout cette bédé transpercer d'un pieu et entourer d'autant de cendres qui attira son attention.
Mais qu'est-ce que tout ceci peut bien vouloir dire ? Un vampire se serait fait planter un pieu dans le coeur alors qu'il avait cette bédé dans la poche intérieur de sa veste ?
Après avoir retirer l'imposant morceaux de bois taillé du magazine, Hellboy pu ainsi mieux voir la couverture de cette dernière. The Goon, ou l'histoire d'un gars ressemblant à un singe dont le principal loisir consiste à cogner sur des zombies. Un air de déjà-vu sembla alors se dégager de cette couverture aux traits si familiers. Un air de famille peut-être. Soudain, quelque chose mit les sens de notre chasseur de fantômes en alerte, comme si quelqu'un ou quelque chose se rapprochait de lui afin de lui rappeller qu'il n'est pas le bienvenu en ce lieu. Mais, à peine eut-il le temps de se retourner que...
...BAM...
...Voilà-t-il pas que Hellboy se mange une grosse clef à molette dans la tronche, avant de se retrouver propulser dans un avion de chasse style Baron Rouge et piloté par un poulpe géant !!!
En même pas trois pages, Mike Mignola nous offre l'une des meilleures, si ce n'est la meilleure, mise en scène réalisée pour le prologue d'une aventure de Hellboy. Tout bonnement incroyable ! Sans une seule ligne de texte, Mignola nous balance tous les codes du cinéma et de la littérature horrifique dans les dents. Trois pages traduisant à elles seules toute une vie consacré à dessiner l'étrange, le bizarre, l'occulte et le folklore de toutes les cultures du monde.
Mais ce n'est pas tout, le trait si froid, angulaire et simplifié du Hellboy de Mike Mignola est remplacé ipso facto par celui, plus cartoon, plus fluide et plus dynamique, de Eric Powell, l'auteur du Goon. En tournant la troisième page de ce comic book, nous nous prenons une véritable claque graphique dans les dents, un changement de style si brutal qu'il avait plus de chance de tomber à plat qu'autre chose. Mais c'était sans compter le talent de nos deux auteurs. Car dans le cas présent, il est bien question de cela, la rencontre de deux hommes talentueux respectant le travail de l'autre. Et c'est bien cette réalité qui saute aux yeux à chaqu'une des pages.
Pour la suite de cette rencontre improbable, attendez-vous à du classique de chez classique avec tout de même beaucoup de surprises et d'idées toutes plus délirantes les unes que les autres. Du classique pour le scénario qui, avouons le, surprend très peu et ressemble à pas mal de choses que nous avons déjà pu voir ou lire. Mais l'auteur du Goon nous surprend à chaque page avec un humour complètement décalé, gore et plutôt scabreux, mais sachant rendre hommage à l'oeuvre de Mignola avec beaucoup d'intelligence et de savoir faire. Pour cela, il suffit d'assister à la discution improbable entre Hellboy et le Goon autour d'une partie de poker pour s'en convaincre, ou comment une simple anecdote sur des têtes volantes rencontrées au Japon peut très vite jeter un froid dans un univers aux antipodes de celui dont vient notre héros.
Pour ce qui est de la conclusion de cette histoire, sachez seulement qu'elle se termine de la même manière qu'elle a commencé, un peu comme si une boucle venait de se boucler et que nous étions un des rares privilégiers à y avoir assister. Et comme pour tout ce qui touche à la vie de Hellboy en général, notre héros préfère se dire que tout ce qu'il vient de vivre dans ce monde trés étrange, ce qui est un comble lorsque l'on a déjà lu ses aventures, n'est jamais arrivé. Cela évite donc d'inutiles prises de tête ainsi que les éventuelles recherches à faire afin de boucler un dossier de plus parmi tant d'autres. Après tout, à quoi bon se prendre la tête...
"Au diable ces tarés et leur monde complètement tordu où rien ne semble être pris au sérieux ! J'ai beaucoup mieux à faire ici bas, des choses bien plus importantes, aussi bien pour le monde des Hommes que pour moi..."