samedi 6 août 2011

Dave Stewart ou les couleurs sémantiques

Being Human : Dave Stewart ou les couleurs sémantiques

Il devrait être sur la couverture.

Son nom, avec ceux de Mignola et Corben, devrait figurer sur la couverture.

Dave Stewart, on le sait, est un coloriste talentueux, consciencieux et efficace. Mais Dave Stewart est intelligent, aussi. Et son art l'est tout autant que lui.

Il devrait être sur la couverture car cette fois il s'est surpassé.

Son utilisation de la couleur, qui toujours est dramatique tout autant qu'expressive ou ornementale, est cette fois, sémantique.

Oui, les couleurs de Dave Stewart, dans « Being Human », font sens. Un sens qui complète, précise et transcende le sens du récit.

Observons les planches du One-shot. Toutesles couleurs sont insaturées (elles tirent vers le gris), toutes exceptés le rouge de Hellboy et le vert de « La Main de Gloire », uniques couleurs saturées de l'ensemble des planches (les couleurs saturées sont pures).


Par ce contraste entre les insaturées et les saturées, Dave Stewart attire dans un premier temps l'attention du lecteur sur deux éléments : Hellboy et The Hand of Glory.

Et de fait, tout va tourner autour de ces deux là quant à l'humanité de Roger. Humanité qui pose problème. Humanité mise en doute dès le début de l'histoire. Humanité hypothétique puisque lui seul peut bouger en présence de la Main de Gloire qui paralyse tout humain – Hellboy lui-même n'y échappe pas.

Mais Dave Stewart joue sur un autre code car dans la théories des couleurs le vert est la complémentaire du rouge.

Comprenez la Main de Gloire est la complémentaire d'Hellboy.

Complémentaire ? Oui, complémentaire dans un récit qui vise à accorder à Roger le statut d'être humain. Car pour être humain, Roger a besoin de deux choses: l'amitié et la reconnaissance d'un humain (Hellboy) et la capacité de faire des choix moraux difficiles qui impliquent la violence (détruire, entre autres, la Main de Gloire).

En conférant à Hellboy et à la Main de Gloire les seules couleurs saturées du récit, en choisissant pour ce faire deux couleurs complémentaires, Dave Stewart injecte subliminalement dans son travail la même thématique centrale exprimée dans son scénario par Mike Mignola.

Dave Stewart : Being Great !


Bernard Dato

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