Déjà auteur du roman Baltimore Or The Steadfast Tin Soldier And The Vampire (et de ses suites en comics), le duo Mike Mignola (Hellboy)-Christopher Golden (Of Saints And Sinners) remet le couvert avec Joe Golem And The Drowning City,
nouveau roman illustré par les soins de Mignola. Commençons par
préciser que l’histoire se déroule a priori dans le même univers que
Baltimore. C’est en tous cas ce que laissent supposer les quelques
références à la situation de l’Europe au début de l’histoire. Mais nul
besoin d’avoir lu Baltimore pour apprécier Joe Golem.
Hellcome to New York City
C’est aux Etats-Unis que se déroule l’intrigue, en 1925 dans un New York
à demi submergé. En effet suite à un tremblement de terre, la partie
Sud de Manhattan ainsi que Brooklyn ont été quasi-totalement englouties
par les flots, et seuls les gratte-ciels dépassent encore. Mais cette « drowning city »
n’a pas été abandonnée pour autant et toute une société, composée des
défavorisés qui n’ont pas pu fuir vers le nord s’y est créée.
C’est là qu’on fera la connaissance de Molly McHugh, orpheline de 14 ans, et de Felix Orlov,
le vieux medium qui l’a prise sous son aile. Mais voilà, de mystérieux
hommes cachés derrière des masques à gaz vont enlever Orlov et essayer
de s’en prendre à Molly. Elle ne devra son salut qu’à l’intervention
d’un mystérieux colosse nommé Joe, qui la cherchait lui aussi. Joe a été envoyé par le détective Simon Church. Ceux-ci vont lui révéler qu’ils recherchent un objet magique nommé le Pentajulum de Lector, que Felix Orlov pourrait être la clé pour le retrouver, et surtout qu’ils veulent empêcher le maléfique Dr Cocteau de mettre la main dessus avant eux.
Mais
tout ne se passera bien sûr pas comme prévu et, sans trop en dire, on
peut révéler que le titre de l’ouvrage prendra tout son sens, et que le
final devrait faire sangloter de bonheur tous les amoureux de H. P. Lovecraft, ou plus précisément de sa mythologie autour des Anciens et de Cthulu (qui avait déjà largement inspiré Mignola dans Hellboy).
Joe Hellboy And The Drowning City
C’est donc cette histoire digne d’Hellboy ou du BPRD
que Golden et Mignola vont nous conter, ce qui laisse supposer que ce
dernier est le principal responsable du synopsis. De même que la
ressemblance frappante entre Joe et Hellboy. Les deux sont des gros durs
taciturnes avec un cœur d’or et une approche très « col bleu » du
travail de détective et du tabassage de monstre. Simon Church est aussi un détective de l’occulte typique de l’œuvre du créateur d’Hellboy. Molly,
en revanche, une ado rusée à la langue bien pendue mais aussi très
vulnérable, semble plus se rapprocher des personnages de Christopher
Golden. Mais nul doute que Mignola s’est aussi concentré sur elle, car
elle vole la vedette aux autres protagonistes et s’impose comme la
véritable héroïne du livre. En tous cas tous ces personnages se révèlent
attachants, et on a envie de les suivre tout au long des 272 pages de
l’ouvrage.
L’écriture
des deux auteurs est très agréable, avec une emphase sur les longues
descriptions qui contribuent à donner une réalité à un univers très
inspiré. On sent que Mignola est à la base un dessinateur. On retrouve
aussi quelques séquences typiques de l’auteur, comme celles des fantômes
qui rendent visitent à Church, ou sa gestion du rythme du récit. C’est
d’ailleurs là que le bât blesse parfois, car l’ouvrage souffre de
quelques longueurs. Disons que vu les évènements qui y sont narrés, il y
a une bonne cinquantaine de page en trop, surtout à partir de la
seconde moitié. Rien de tragique, et l’atmosphère et la qualité de
l’écriture rattrapent un peu ce défaut, mais bon…
Cependant
la plus grande faiblesse de l’ouvrage reste sa fin. Pas à cause de son
caractère ouvert, qui laisse penser qu’on devrait bientôt avoir droit à
des comics Joe Golem, comme ce fut le cas pour Baltimore. Pas non plus à
cause de son côté Lovecraftien, même si certains esprits chagrin
pourraient presque crier au plagiat (on pardonnera à Mignola en
disant que l’imitation est la forme la plus sincère de flatterie… et
qu’il est TRES flatteur pour le coup). Non ce qui gène le plus
c’est la passivité des divers protagonistes, réduits au rang de témoins
tandis que la situation se règle sans leur intervention ou presque. Pour
une nouvelle d’horreur ça passerait, pour un roman avec quand même pas
mal d’action, ça tombe un peu à plat.
Joe
Golem And The Drowning City est donc globalement une réussite. C’est un
ouvrage bien écrit, mettant en scène des personnages attachants, et
l’univers qu’on y découvre est extrêmement bien pensé et fascinant.
Cependant il pâtit de quelques longueurs, et surtout d’un final décevant
où les héros sont bien trop passifs. Mais cela ne doit pas occulter ses
qualités (gare à l’effet "10 dernières minutes"). A noter
enfin que les illustrations de Mignola émaillant l’ouvrage sont un régal
pour les yeux, mais qu’il est dommage qu’elles se résument trop souvent
à des gros plans sur des éléments de décor. Le truc marche mais pas
toujours, un peu comme le livre lui-même.
Source : Comicsblog
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