Encore inédite en France, l'histoire courte Revival fut imaginée pour apparaître sur la page MySpace de Dark Horse en 2008, mais sera finalement publiée dans le dans le douzième volume de B.P.R.D., War On Frogs. Écrite par John Arcudi et dessinée par Guy Davis, cette histoire courte se situe chronologiquement après le volume The Dead.
Cette
histoire, presque anecdotique, n'apporte à proprement parler rien à
la trame de la série principale. Si elle est là, ce n'est que pour
développer un background déjà bien poisseux. En effet, ne serait-ce que
dans sa mise en scène, tout y est fait pour accentuer cette impression
d'étouffement: les personnages transpirent à grosses gouttes et le
décor, ainsi que la lumière/couleur quasi ambré, rappellent les
marécages humides et étouffants de la Louisiane. Une partie des USA bien
ancrée dans l'imaginaire collectif pour sa magie noire, son vaudou
et ses monstres et autres zombies en tous genres. Pourtant, c'est dans
le Tennessee que cette histoire se passe, rien à voir donc le folklore de
la Louisiane et de ses alentours.
Cette ambiance
quasi suintante n'est là que pour accentuer le propos déjà bien glauque
de cette histoire qui, soyons honnête, pourrait facilement tenir sur un
post-it. Plus que la forme, il est donc surtout ici question de fond.
Car au-delà de l'éternelle chasse à la Grenouille qui nous est narré
depuis les débuts de la série B.P.R.D., il y a
ici comme un écho de désespoir, un ultime appel à l'aide lancé par un
homme dont la tristesse est si forte qu'elle amène à un final presque
nihiliste. Ici, la race des Grenouilles n'apparaît plus comme une menace
mais bien comme la seule forme de rédemption et de salut pour l'Homme.
Et ce n'est pas Benjamin Daimio
qui viendra changer cette impression tant il apparaît ici comme un
ennemi et non comme le sauveur de l'humanité qu'il devrait être. Il
n'est ici qu'une machine abrutie par toutes ses missions visant à
exterminer la menace Grenouille, ne se donnant plus la peine de réfléchir une seule seconde sur ce qu'il est en train de faire...au
moment même où il le fait. Il déboule dans un lieu saint non
sans terroriser toute l'assemblée avec ses hommes armées jusqu'aux dents
et finit par déclencher une véritable boucherie sans se soucier une
seule seconde des éventuelles pertes civiles. Puis arrive le seul moment
ou son esprit abrutie/embrumé par toutes ses missions à dézinguer du monstre finit par se réveiller : une anomalie dans le plan qui lui a été confié (l'homme s'interposant entre la Grenouille et son arme)
arrive sans prévenir et le laisse, il faut le reconnaître,
complètement sonner tellement cela sonne hors contexte pour lui. Suite à
cela, il ne lui faut pas plus d'une seconde pour se remettre dans le droit chemin afin d’exécuter l'ordre qui lui a été donné, et ce, quelque soit le visage qu'il pourra avoir, même celui d'une enfant.
Bien
sûr, on sait tous que les méchants de l'histoire sont les monstres
Grenouilles, mais cette histoire nous force à nous mettre de l'autre
côté du miroir, à voir ce que d'autres voient et que nous ne pouvons
voir/concevoir de par notre parti pris. Où comment l'histoire simple
mais ô combien tragique d'un homme désespéré peut vous amener à vous
poser une question pouvant remettre en cause vos croyances les plus
profondes.
"Mais au fait...Qui sont réellement les méchants...au fond ?"
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