vendredi 27 janvier 2012

Ron Perlman, un talent monstre !


Le sourire est charmant, la voix de baryton harmonieuse, mais ça ne suffit pas à gommer l'aspect inquiétant de ce visage tellement cabossé, planté sur une carrure d'armoire à glace. Ron Perlman a dû attendre trente ans pour se voir offrir le rôle d'un type ordinaire dans un film à Hollywood. Ordinaire, façon de parler! Car Nino, qu'il incarne dans le thriller de Nicolas Winding Refn « Drive », est un gangster psychopathe qui réduit ses ennemis en bouillie.

« Jeune, j'étais pas le genre de gars avec qui les filles acceptaient un rendez-vous », raconte l'acteur américain de 61 ans. « Cela m'a enfermé dans une certaine solitude et m'a conduit à travailler d'autres aspects de ma personnalité pour m'accepter. Les réalisateurs ont su exploiter ça plus tard. »

En une cinquantaine de films et de séries télé, ce fils d'un batteur de jazz new-yorkais, passé par le théâtre classique à Broadway, a joué tous les personnages monstrueux et marginaux imaginables. Ce qui lui vaut d'être l'invité d'honneur ce week-end du 19e Festival du film fantastique de Gérardmer (Vosges), où un hommage lui a été rendu hier soir par les deux réalisateurs français qui l'ont véritablement lancé, Jean-Jacques Annaud et Jean-Pierre Jeunet. Ron Perlman jouait l'inoubliable chef de la tribu des hommes préhistoriques dans « la Guerre du feu », le patibulaire bossu Salvatore dans « le Nom de la Rose », une créature anxiogène dans « la Cité des enfants perdus », un mutant dans « Alien, la résurrection ». « En dévoilant l'émotion intérieure qui se cachait derrière ce physique dérangeant, Jean-Jacques et Jean-Pierre ont changé la façon dont j'étais perçu dans le monde entier. Avec ces rôles, ils m'ont donné l'impulsion pour me lancer dans la course. Ensuite, les portes se sont ouvertes. Je leur serai toujours reconnaissant. »

De perpétuelles métamorphoses

Longtemps vénéré par les fans de films d'horreur ou d'anticipation, Ron Perlman a acquis une dimension encore plus populaire en devenant, en 2004, le plus âgé des superhéros américains dans « Hellboy », le film de son ami Guillermo del Toro. « Un personnage extraordinaire, même si le tournage fut crevant pour un type de mon âge. Le plus dur avec ce genre de rôle, c'est de passer quatre à six heures par jour au maquillage. »

Les perpétuelles métamorphoses n'ont pas dégoûté le comédien. « Jouer, c'est ma passion. L'enfer serait de faire un job que je hais. » Lorsqu'il a eu vent du tournage de « Drive » à Los Angeles, l'homme a appelé lui-même le metteur en scène pour le convaincre de le retenir. « Il n'avait pas pensé à moi. Au sortir du rendez-vous, j'avais le rôle », sourit-il. Il a signé pour sept saisons de la série « Sons of Anarchy », diffusée sur M 6, où il incarne le chef d'un gang de Hells Angels. « J'y consacre cinq mois par an, ça me laisse du temps pour tourner des films ou m'adonner aux autres choses que j'aime. » Marié, père de deux enfants, fou de musique, amateur de golf, supporteur de l'équipe de base-ball new-yorkaise des Yankees, il n'aime rien tant que circuler en voiture en fumant un cigare cubain et en écoutant Tom Waits, Frank Sinatra ou Aretha Franklin. Lui arrive-t-il de rêver à des rôles banalement ordinaires? « J'ai plus besoin de rêver. J'ai été gâté au-delà de mes espérances. Je suis un homme heureux. »

Source : Le Parisien

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