mardi 21 octobre 2008

Hellboy Animé: un juste milieu entre la BD et les films ?


A n'en pas douter, cette fin de mois sera sous le signe du « grand singe rouge » puisque, comme chacun sait, Hellboy repointe le bout de ses cornes limées dans les salles obscures, et ce dès le 29 octobre. L'éditeur SPHE a donc la bonne idée de sortir les deux longs métrages d'animation qui étaient disponibles depuis maintenant pas mal de temps outre Atlantique. Une excellente nouvelle, tant ce petit détour ravira les fans du comic book original. Présentation rapide des deux bêtes !

Assez étrangement, la sortie de Hellboy 2 Les légions d'or maudites n'a pas fait l'unanimité. Pourtant un événement comme celui-ci était franchement attendu... hélas, cette aventure aura fait diverger les avis entre ceux qui attendaient « le nouveau film de Del Toro », ceux qui espéraient une suite à la hauteur du premier épisode et enfin ceux qui n'aspiraient qu'à une chose : que l’œuvre de Mike Mignola soit présentée avec la même modeste maestria que celle du premier volet... Le film est ce qu'il est, à savoir une aventure dans l'ensemble plutôt agréable, mais une chose est certaine : le côté un petit peu élitiste réservé aux initiés et lecteurs de toujours se voit sacrifié pour une démonstration plus grand public que sincèrement fidèle. Les défenseurs s'empresseront de souligner la grandeur du réalisateur de L'échine du Diable à avoir su se réapproprier le matériau originel, ce à quoi les détracteurs répondront sans doute légitimement que la richesse incroyable des aventures papiers se serait bien passée d'une édulcoration. C'est donc dans cette atmosphère mi figue mi raisin que sortent enfin les deux aventures animées, moment absolument propice pour la découverte de ces deux essais plus ou moins concluants... Et si la qualité de l'animation est légèrement en delà de ce qu'on aurait désiré, la fidélité aux fascicules semble bien avoir été le maître mot de l'entreprise. Choix dont on ne remerciera jamais assez les auteurs tant les multiples références et clins d'oeil agrémentent à merveille ces deux histoires totalement inédites.

A l'origine, Hellboy sous sa forme cartoonesque devait se voir offrir les joies d'une série entière. Annoncée pour une diffusion sur la chaîne Cartoon Network pour le mois d'octobre 2006, l'entreprise se verra vite annulée et se contentera de deux longs métrages d'une durée maximale d'une heure et quart. Public visé ? Les kids ! Cible évidente de la part des producteurs qui auront bien senti passé l'indécision des parents d'emmener voir en salles les aventures d'un démon défonçant du monstre tentaculaire et du nazi retors !

Hellboy Animé se doit donc de trouver un juste milieu entre la constance vis-à-vis du travail de Mignola et le nouvel objectif envisagé. Prévu pour être édité sous la forme de deux DVD, la mise en scène de Hellboy : le sabre des tempêtes et Hellboy : de sang et de fer est confiée à l'animateur Tad Stones qui avait fait ses armes dans les prestigieux studios Disney. Passant le pas avec Le retour de Jafar en 1994, Stones a potassé durant quelques années l'univers d'Aladdin grâce à quelques épisodes de la série télévisée et s'est ensuite consacré à l'aventure de Buzz L'éclair. Supervisant l'ensemble du projet Hellboy avec la bénédiction du père Mignola, il confiera les rênes à Phil Weinstein pour le premier épisode (Balto 2 et 3) et à Victor Cook pour le second. Cook vient lui aussi du pays magique de Mickey et, bien avant de s'attaquer à Red puis aux aventures du Spectaculaire Spider-man en 2008, il fit ses gammes avec Buzz, Tarzan et Lilo & Stitch. Si les deux métrages sont tenus par Stones, la différence qu'apportent les deux suppléants est, elle, très importante puisque le ton s'avère radicalement différent, la direction artistique et graphique des personnages étant, bien entendu, la même. Les deux épisodes ne sont donc pas tout à fait sur un pied d'égalité puisque, chose évidente, la pertinence dans l'approche du premier se révèle incroyablement plus léchée que celle du second.

Ne boudons pas notre plaisir tout de même puisque les deux s'en tirent honorablement et offrent, malgré une direction parfois un peu trop infantile, ce que les amoureux de la BD n'ont pas retrouvé dans le film de Del Toro. Car, chose amusante, ce n'est pas vraiment le film du mexicain qui est remis en cause mais bel et bien son appropriation d'une manière peut-être un peu trop sensitive et naïve de l'univers mignolesque qui fait défaut. La contre partie sera donc offerte par ces deux épisodes qui retrouvent cet aspect brut de décoffrage si présent dans le comic book. Trouvant le juste milieu entre l'onirisme, les bastons bourrines et les blagues à deux balles, cette variation animée ravira sans doute les amateurs. Tout comme la présence d'une multitude de références aux tomes édités chez Delcourt : si les intrigues sont totalement inédites, chaque incursion dans l'univers du démon s'accompagne de son lot de rappels sympathiques. Rien que la présence de l'agent Kate Corrigan dans l'équipe annonce la couleur du projet. Totalement indépendante des deux longs métrages dont-il ne conserve que la présence du prestigieux casting pour la doublure vocale, c'est bien en s'affranchissant des adaptations live que l'entreprise parvient à faire son beurre : trouvant un juste milieu entre la froideur magique du trait de Mignola et l'amour des monstres et autres Freaks de Del Toro, cette initiative se voit bonifiée par de nouvelles créatures enrichissant le bestiaire génial. En territoire connu dans Hellboy : le sabre des tempêtes avec l'apparition de spectres, morts vivants et autres possessions, l'épisode se permet même de faire une incursion rapide mais jouissive du côté des têtes volantes japonaises de l'un des volets dessinés. Au pays du soleil levant, ce segment s'attarde sur une intrigue de protection d'un sabre millénaire déchaînant la convoitise des démons : chauve-souris géante, femme araignée et démons lovecraftiens, ils sont tous appelés pour mener la vie dure au sauveur cornu !

Le second, Hellboy : de sang et de fer, perd un peu de sa magie folle et démesurée faute à une animation gentiment négligée comparée à la réussite du premier. Cependant, l'histoire prend une toute autre direction et propose de s'atteler à la dimension gothique de l'univers de Mignola : loups-garous, goules, vampires... même les apparitions fantomatiques de traces ensanglantées sur les fenêtres sont à l'ordre du jour pour offrir à Hellboy une jolie aventure. Narration sympathique avec la mise en parallèle de deux histoires, présente et passé, le film prévu pour les jeunes a même le courage de reprendre l'hommage de Mignola à la vierge d'acier de Bava... Et les amoureux du terrible bras droit du prince dans Hellboy 2 les légions d'or maudites auront même la joie de découvrir un minotaure possédant le même attribut manuel ! S'apparentant plus à un épisode de Scooby Doo musclé (générique dans un cimetière glauque compris !), celui-ci s'offrira tout de même une jolie partition composée par Christopher Drake qui reprend ici et là quelques notes de Beltrami... Ces deux épisodes sont donc à découvrir absolument pour tous les lecteurs acharnés et tous ceux qui ont découvert Hellboy sur grand écran car, même si on aurait préféré une approche plus adulte, l'ensemble demeure tout de même fort agréable. On conclura en soulignant la réelle bonne volonté de la série, n'hésitant pas à faire intervenir la terrible Hécate, mais on ne saura que trop conseiller de vous replonger dans les planches du père Mignola qui semblent être les seules à vraiment posséder l'esprit Hellboy !

Source : DVDRama

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