jeudi 12 juin 2014

Mike Mignola décrypte "Hellboy in Hell #2" !


Encore un grand merci au site AVClub d'avoir eu l'idée de génie de demander au Maestro séquentiel Mike Mignola de décrypter le deuxième numéro de l'ongoing Hellboy in Hell.  Malheureusement, la traduction maison ayant été faite par bibi, vous risquez de tomber à un ou deux moments sur des phrases un chelou, témoins de mes limites rédactionnelles. Allez, enjoy quand même :

AVClub : Ce numéro montre l'arrivée de Hellboy dans un environnement dominé par un rouge qui rappelle fortement la couleur de sa peau lorsqu’il était sur Terre. Qu’est-ce qui vous a amené à faire un tel choix colorimétrique ?

MM : Lorsque vous plongez Hellboy dans un endroit aussi chaud que l'Enfer, l'avantage c’est qu'il regagne aussitôt ses couleurs. Cette logique marche également lorsqu’on se dit que Hellboy est originaire de cet endroit et qu’il était, au départ, supposé y vivre ; donc oui, Hellboy est rouge en Enfer. Mais dès lors qu’on lui fera quitter Pandemonium, nous lui redonnerons les nuances de couleurs qu’il avait dans le premier numéro. D’un point de vue colorimétrique, il n’existe que le Hellboy classique et celui « supposé être dans cet endroit ». 

AVC : Après que les statues se trouvant à l’entrée de Pandemonium aient lancé un avertissement à Hellboy, ce dernier leur répond « Fais chier ! » Une façon simple mais aussi très efficace d’injecter rapidement de l’humour et de créer un sentiment d’incrédulité et d’étonnement. Quelle est l’importance de l’humour dans vos histoires de Hellboy ?

MM : Lorsque j’ai débuté la série “Hellboy”, je ne pensais vraiment pas y injecter une dose d’humour, du moins pas consciemment, mais Hellboy possède ma personnalité et l’humour est très important chez moi. Je ne sais pas si ce que je vais dire paraitra prétentieux mais j’adore écrire des personnages faisant de grandes déclarations, un peu dans le genre Shakespearien ou biblique. Et à chaque fois que je le fais, je me retrouve très vite embarrassé d’avoir écrit un truc comme ça. Hellboy a donc toujours été ce personnage, cette part de ma personnalité capable de montrer que je ne suis pas du genre à prendre ce genre de choses au sérieux. Et même si j’écris ce genre de scènes avec beaucoup de sérieux, une partie de moi trouve toujours le moyen de se dire « on va devoir alléger un peu tout ça. » C’est donc comme ça que Hellboy finira par faire ce genres de commentaires. J’imagine toujours les lecteurs roulés des yeux en lisant ces passages; du coup, lorsque Hellboy fait ses commentaires sarcastiques, cela leur indique qu'il roule également des yeux face à ces personnages déballant leurs grands discours.


AVC : Y a-t-il une quelconque inspiration d’ordre historique dans cette histoire de « Révolution des Enfers » ? L'architecture et l'omniprésence de rouge donnent un côté très "Russe" à ce numéro.

MM : La beauté de la structure politique réside dans le fait que je le dresse de façon assez vague afin que n’importe qui puisse y greffer l’époque qu’il souhaite. Je pense toujours à Rome mais n'étant pas un historien, je ne connais pas cette époque par cœur. Mon idée est que les sénateurs se rencontraient à Rome et possédaient leurs propriétés privés autre part. Si quelque chose tournait mal, ou si par exemple quelqu’un venait à dissoudre le sénat, tout le monde retournerait dans son domaine privé. J’ai toujours pensé que l’Enfer était comme ça et que si une révolution devait y avoir lieu, en particulier si elle venait à renverser Rome, tout le monde se tirerait et se planquerait dans son petit domaine dans l’attente que des soldats se viennent les exécuter. Du coup, cette idée Romanesque que j’ai toujours eu en tête, celle de Rome tombant d’une autre façon que la version historique, fut probablement celle qui se rapproche le plus d’une structure politique. 

AVC : Cette scène qui montre Hellboy recevoir une dague et tuer Satan a des relans de « Macbeth » et de « Jules César ». Vous utilisez d’ailleurs deux citations tirées de « Macbeth » - l’une se situant juste avant le meurtre le Duncan et l’autre juste après - mais le meurtre auquel le lecteur est censé assister n’est dévoilé que dans le numéro suivant. Pourquoi avez-vous décidé de garder cette scène secrète dans ce deuxième numéro ?

MM : Au départ, vous étiez censé ne jamais découvrir ce qu’il se passe réellement dans cette scène. J’aimais l’idée d’avoir une case en moins qui empêcherait de savoir exactement ce qu’il s’est passé - c'est d'ailleurs le cas dans ce deuxième numéro. Parfois, en tant que dessinateur, vous avez la possibilité de retirer une case et de laisser le lecteur sur la question « l’a-t-il fait ou bien ne l’a-t-il pas fait ? » J'adore l'idée que Satan puisse être tué par quelqu'un et j’ai toujours voulu que ce quelqu’un soit en réalité Hellboy, mais en même temps, je ne savais pas si je voulais vraiment que les gens sachent si il l’avait réellement fait. J’ai très vite réalisé que si Hellboy devait le faire (rires), je ne pouvais pas ne pas le mentionner, et ce même si j’adorais l'idée des lecteurs se disant « Hey, j’ai entendu dire que Satan venait de mourir ! Tu le savais, toi ? » « Oh, vraiment ? Bizarre.”

Je ne voyais aucune façon de continuer l’histoire dans dévoiler que Hellboy l’avait effectivement fait. Mais comme il reste encore la grande question du pourquoi il l’a fait, je sais qu'il reste encore une scène de ce meurtre à montrer. Et même si, ok, le troisième numéro en dévoile un peu plus sur cette scène, il reste tout de même une scène que les lecteurs n’ont pas encore vu. Je mentirais si je disais que je savais tout ce qui se passerait dans cette scène au moment où je l’ai écrite. Mais maintenant que je le sais, je reviendrai éventuellement un jour dessus. En fait, pour moi, l’astuce lorsque j’écris ce genre de chose est de me dire « Quelque chose s’est passé ici et je découvrirai ce que c’est, mais je ne veux pas coucher ça sur papier tout de suite. » Du coup, je dois rester vague dans ce genre de moments et donner la sensation qu’un truc est arrivé, que ça sera raconté plus tard et qu’éventuellement, tout prendra sens. Enfin, on espère.


AVC : Ce numéro se termine sur la naissance de Hellboy, une scène très importante qui, bien que mentionnée plusieurs fois par le passée, n’avait encore jamais été dévoilée.

MM : Nous avons toujours eu la sensation en réalisant toutes ces séries que les lecteurs attendaient certaines choses depuis pas mal de temps, et comme c’est aujourd’hui mon grand retour, je dois m’assurer de leur donner certaines de ces choses qui donneront des réponses à certaines questions...mais sans tout dévoiler. J’ai donc imaginé et muri cette scène voyant Hellboy perdre sa main droite au profit de celle de l’Apocalypse. 

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire